18 Sep
18Sep

Cette bien triste phrase nos clients l’entendent depuis dimanche dernier, sans parler de ceux qui reçoivent des SMS de toute la famille du type « T’as pris ce chien ! C’est la plus grosse connerie de ta vie ! »

Le phénomène s’amplifiera à la vue d’autres reportages dans les mois qui viendront, nous expliquant que l’akita-inu c’est fragile, c’est agressif, c’est réactif et surtout, qu’il ne faut pas le contrarier, car c’est risqué.

Nous verrons de plus en plus de gens dire que c’est vrai, que c’est comme ça, c’est la race, car l’effet pervers de ces reportages est malheureusement l’inverse du message que tentent de colporter les intervenants : le nombre de demandes explose, et quelles demandes !

« Bjr, vous avé un chiaux a réservez en se maumant ? Cdlt. » ou encore « C’est pour un cadeau d’anniversaire ».

Autant vous dire que nous préférons passer notre chemin, mais d’autres ne verront pas d’inconvénients à vendre suite à ce type de demande.

Le problème est là et cela n’a aucun rapport la race.

Encore plus de propriétaires mal avisés qui arpenteront les rues avec leur Akita fraîchement sorti d’une animalerie, du garage d’un éleveur de fond de cours ou d’un salon du chiot. 

Et encore plus de gens qui suivront les conseils d’influenceurs et d’éducateurs du dimanche (C’est dingue, une simple formation internet de nos jours nous permet de devenir n’importe qui et faire n’importe quoi)

C’est le cercle infernal, le ballet incessant du serpent qui grossit alors qu’il avale sa propre queue en faisant du surplace.


La race… mais c’est bien sûr !


Comment mettre sur le dos du chien tout le poids de notre incompétence sans jamais nous remettre en question ? C’est la race qui veut ça ! 

Ce genre de discours tend à déresponsabiliser les propriétaires, on observe d’ailleurs le phénomène tant dans le domaine de l’éducation que dans celui de la santé. Pendant que certains s’échinent à véhiculer le bon message et faire de la prévention, le plus grand nombre vendra pour vendre sans poser de questions, car telle est la volonté du sacro-saint business plan.

Enfin, leurs victimes, une fois l’illusion dissipée, n'hésiteront pas à délaisser la dernière part de leur humanité sur le bord d’une autoroute sordide, accroché au bout d’une chaîne au milieu des excréments des voyageurs pressés de partir en vacances.


Il y a quelque temps de cela, bien avant de devenir ministre de l’Intérieur, Mr Darmanin expliquait au micro de Mr Bourdin qu’il fallait laisser la vente d’animaux aux professionnels : les animaleries.

Bien évidemment, comprenez que ce monsieur se réfère aux chiffres, là encore. 

Les animaleries emploient des salariés corvéables à merci (ça se compte, ça crée de l’emploi, ça se chiffre et ça rapporte) alors que l’éleveur traditionnel, en bon indépendant qu’il est, rechigne à s’acquitter de ses charges sociales ou triche un peu, c’est un sport national.

Il échappe au contrôle et de ce fait, déplaît fortement à l’administration comme tous les autres indépendants.


Bien entendu, libre à chacun de se placer où il veut. 

C’est en vous, cher lecteur, que se trouve le pouvoir de lutter contre cet état de fait. 

En choisissant votre élevage, vous adhérez à ses méthodes et techniques, quelles qu’elles soient. Vous cautionnez la valeur (toute relative, car c’est une question de point de vue, en l’occurrence le vôtre) du travail de votre éleveur et vous êtes responsable de votre choix, tout comme vous serez responsable de votre chien. 

Être responsable c’est savoir se remettre en question pour prendre les bonnes décisions, c’est faire preuve de discernement alors que tout vous poussera vers la facilité du « c’est normal, c’est un Akita ».


À ceux qui disent « c’est normal, c’est un Akita... », je répondrai : « Tous les noirs courent vite, les Arabes sont tous des voleurs, les Asiatiques sont fourbes et les Français sont réfractaires au progrès ». Ça vous choque ? 

C’est pourtant tout aussi débile.


À ceux qui diront qu’ils ont un problème en extérieur avec leur chien, nous répondrons qu’ils ont d’abord un problème chez eux. À ceux qui diront que leur chien a peur, nous répondrons qu’ils ont peur.


Accepter le chien comme miroir du comportement de l’homme, c’est respecter sa nature, nature qui sombre dans l’oubli à mesure que grandit l’influence néfaste du tout et tout de suite, le moteur d’une société consumériste qui nous envoie droit dans le mur.