10 May
10May

La castration et la stérilisation sont plébiscitées par la majorité des vétérinaires. L’argument principal étant les bienfaits pour la santé de l’animal. Elles réduisent les risques de cancer des organes reproducteurs et des glandes mammaires chez les femelles et diminuent l’incidence des troubles de la prostate chez le mâle.

Qu’en est-il vraiment ? La stérilisation et la castration sont-elles des interventions sans conséquence ?

La stérilisation est utile pour réguler la population animale surtout chez les chiens et les chats de refuges, propriétaires irresponsables ou chiennes et chattes dont les chaleurs ne sont pas gérables. Les stérilisations pour raisons médicales précises comme les lactations nerveuses à répétition, métrites, accouchements qui se passent mal, etc. sont indispensables.

De récentes études portant sur le rôle des hormones sexuelles démontrent clairement que ces chirurgies très communes et pratiquées par tous les vétérinaires ne sont pas des interventions anodines. En effet, les hormones sexuelles jouent des rôles physiologiques à de multiples niveaux.

Rôle des hormones sexuelles

La stérilisation consiste en l’ablation des gonades, les ovaires chez la femelle et les testicules chez le mâle. Les hormones sexuelles sont des stéroïdes anaboliques. Elles jouent un rôle dans la croissance de plusieurs organes. Elles augmentent la synthèse des protéines musculaires. Elles jouent un rôle important dans la croissance des os longs (pattes…), et plus tard, elles inhibent la croissance linéaire de ces os. Ce qui veut dire qu’en fonction de l’âge auquel un chien est stérilisé, ses pattes seront soit plus courtes, soit plus longues qu’elles ne l’auraient été naturellement.

Les globules rouges matures des mammifères n’ont pas de noyau cellulaire. De ce fait, ils ne peuvent se multiplier. Leur durée de vie est courte. Ils doivent être constamment renouvelés. Or, les hormones sexuelles jouent un rôle dans ce renouvellement, en agissant directement sur les cellules souches, et en stimulant la production de l’érythropoïétine (qui stimule également les cellules souches).

Conséquences physiologiques

La stérilisation élimine et réduit la possibilité de développer certains problèmes de santé reliés au système reproducteur. 

Chez la chienne, dans le cas où elle est stérilisée avant ses premières chaleurs, elle n’a pas atteint sa maturité physique et émotionnelle. Les chiots, comme tout être vivant, traversent différents stades de maturation, qui sont déclenchés par la production des hormones sexuelles. Un chien privé de ses hormones sexuelles avant d’atteindre la maturité sera plus porté à avoir des problèmes comportementaux, car il n’aura jamais atteint la stabilité associée à la maturité. Certains comportementalistes affirment que ces chiens immatures ont une plus grande dépendance à leurs maîtres. Les propriétaires qui choisissent la stérilisation avant la maturité de leur chien devraient en être conscients afin de prévenir les problèmes comportementaux qui peuvent être de tout ordre (malpropreté, anxiété de séparation, hyper attachement, agressivité, etc.)

Une déficience en hormones produites par les testicules (testostérone) et les ovaires (œstrogène) peut induire l’incontinence urinaire. Ce phénomène se produit dans 20 % des cas de chiennes stérilisées. (Plus la chienne est stérilisée jeune et plus le risque augmente) Cet effet n’est pas bien expliqué, mais les hormones sexuelles ont probablement des effets sur le sphincter de l’urètre. Ce problème est plus fréquent chez les femelles que chez les mâles.

En 2001, une étude a démontré que les maladies infectieuses étaient plus fréquentes chez les chiens stérilisés à un âge prépubère.

Selon une autre étude, les mâles castrés avant la maturité sexuelle seraient plus susceptibles de développer des urolithes (cristaux se formant dans la vessie, causant des troubles urinaires).

Contrairement à certaines idées reçues, la castration ne diminue pas les risques de développer un cancer de la prostate chez le chien. Les chiens castrés (toutes races confondues) seraient plus à risque de développer un cancer de la prostate que les chiens intacts.

Une étude publiée en 2007 démontre que plus de 80 % des chiens intacts âgés de 5 ans développent une hypertrophie bénigne de la prostate, mais que les chiens castrés auraient, quant à eux, un risque plus élevé que les chiens intacts de développer un cancer de la prostate. De plus, dans les cas de cancer de la prostate, il y aurait une prévalence plus élevée de métastases pulmonaires chez les chiens castrés.

Une autre étude démontre que les chiennes stérilisées avaient un risque plus élevé d’être affectées par l’hypothyroïdie. Les chiens (mâles et femelles) stérilisés sont plus touchés par une rupture du ligament croisé.

La stérilisation chez la chienne accroît également son tempérament dominant.

La stérilisation du mâle et de la femelle triple le risque de présenter de l’obésité. (l’âge du chien au moment de la stérilisation n’exerce aucune influence particulière).

Les chiens stérilisés ont un risque 2 fois plus élevé de développer un cancer des os. Selon certains chercheurs, le risque est influencé par l’âge auquel la stérilisation a été pratiquée. (avant 1 an).

Une étude faite en 2001 montre que les chiens intacts sont moins enclins à une altération légère des fonctions cognitives vers une altération sévère. Les résultats suggèrent que la présence d’hormones en circulation chez les chiens vieillissants intacts pourrait ralentir la progression de l’altération des fonctions cognitives.

Les données du Veterinary Medical Data Program ont démontré un risque accru chez les mâles castrés de développer du diabète mellitus.

Une étude faire en 2005 sur une cohorte de 1733 chiens, de 325 portées, étudiées de la naissance à l’âge de 10 ans, montre que le risque de mortalité des chiens stérilisés, mâles et femelles, est plus élevé.

Selon une étude menée en 1994, les chiennes stérilisées ont plus de risque de développer une kératose superficielle chronique.

Les chiens stérilisés ont un risque plus élevé que les chiens intacts de développer une pancréatite aiguë.

Une étude statistique faite entre 1982 et 1995 sur 1383 chiens atteints d’une tumeur cardiaque montre que le risque de développer une tumeur cardiaque est plus de 4 fois supérieur chez les chiennes stérilisées. De plus, leur risque de développer un hémangiosarcome (tumeur cancéreuse) est de plus de 5 fois supérieur.

Il existe des manifestations cliniques inhabituelles de la maladie de Cushing chez le chien mâle castré, incluant la prostatomégalie et l’adénome péri anal.

L’ostéoporose chez la femme est causée par le manque d’oestrogènes suite à la ménopause (les ovaires ne produisant plus cette hormone). Or, bien que la ratte soit l’animal idéal pour étudier ce phénomène et découvrir des traitements pour la femme, la chienne stérilisée est aussi utilisée en laboratoire. La chienne stérilisée a donc une production osseuse altérée suite à l’ovariectomie. Des études faites sur des mâles ont aussi démontré une diminution de la masse osseuse (la formation osseuse étant moins importante comparativement à sa résorption) chez les chiens castrés.

Une étude faire sur 1 226 159 chiens vaccinés montrer que les chiens adultes stérilisés ont un risque de 27 % à 38 % plus élevé que celui des chiens intacts, de développer une allergie suite à l’administration d’un vaccin.

Dans une étude faite en 2004, Spain et al. ont démontré que les chiens stérilisés en bas âge sont plus sujets à développer la dysplasie de la hanche que ceux stérilisés plus tard.

Une étude faite en 2005 sur une cohorte de 1733 chiens étudiée de la naissance à l’âge de 10 ans montre que le risque de mortalité des chiens stérilisés est plus élevé que celui des chiens intacts.

Un chien qui n’est pas castré ne sera pas nécessairement frustré s’il n’a pas l’opportunité de s’accoupler. Dans une meute de chiens, les adolescents n’ont pas droit à l’accouplement, et la domination des chiens plus hauts dans la hiérarchie a pour effet de diminuer leur désir sexuel. Ce phénomène est appelé « marginalisation des adolescents ».

Les chiens qui ont déjà développé de l’agressivité ne seront pas nécessairement guéris par la stérilisation ou la castration.

Les mâles intacts qui sont bien socialisés et entraînés à l’obéissance à un jeune âge ne démontreront pas de problèmes comportementaux tels que le marquage urinaire ou l’agressivité reliés à la défense du territoire.

S’il est vrai que la stérilisation annihile tous les risques de métrite et de tumeurs mammaires, on ne stérilise pas d’office toutes les femmes qui ne souhaitent pas avoir d’enfant sous prétexte de leur éviter un cancer de l’utérus…

Si vous décidez de faire stériliser votre chienne « pour convenance », parce que vous ne voulez pas de taches de sang, etc. Sachez qu’une chienne a ses chaleurs une à deux fois par an, que cela dure 3 semaines au total dont une dizaine de jours de saignements, que votre chienne peut très bien s’habituer à porter une culotte prévue à cet effet durant les jours de saignements, et que chez beaucoup de chiennes, ces saignements passent quasi-inaperçus, tellement elles font bien leur « toilette »…

Si vous avez peur des portées non désirées, sachez qu’il vous faudra être vigilant « une bonne semaine » durant les chaleurs, c’est-à-dire ne pas lâcher votre chienne en liberté durant cette période…

Nous n’avons aucun intérêt à déconseiller aux gens de faire stériliser leur chien (mis à part le souci de les voir rester en bonne santé). Les vétérinaires, eux, y ont un intérêt financier considérable.

Le but de cet article est d’informer sur les inconvénients de la stérilisation, qui sont méconnus, passés sous silence et amoindris par les vétérinaires.

Alternatives de techniques chirurgicales

Afin de prévenir les portées non désirées, et ainsi prévenir des souffrances inutiles, tout en n’altérant pas la physiologie des hormones sexuelles, la vasectomie et la ligature des trompes s’avèrent être des alternatives intéressantes. Toutefois, si vous optez pour la ligature des trompes, sachez que cette intervention ne supprime pas les chaleurs ni les risques de pyomètre.